MONTRÉAL - Les poissons qui barbotent dans le Saint-Laurent autour de la métropole sont drogués aux antidépresseurs et cela a des conséquences sur leur activité cérébrale, d'après des chercheurs de l'Université de Montréal.
L'équipe de scientifique dirigée par le professeur Sébastien Sauvé, du département de chimie, a trouvé des traces de médicaments dans le foie et le cerveau de truites exposées à l'eau du fleuve.
Les chercheurs ont aussi noté une réduction de l'activité cérébrale des truites mises en contact avec de l'eau contaminée aux antidépresseurs. On ignore encore quel effet cela aura sur leur santé à long terme.
«Nous savons que les antidépresseurs ont des effets secondaires nocifs sur les humains mais nous ne savons pas exactement comment ces produits chimiques ont un impact sur les poissons non plus que sur l'écosystème du Saint-Laurent», a expliqué vendredi le professeur Sauvé.
Le chimiste se veut toutefois rassurant en ce qui concerne les humains. La concentration de médicaments dans l'eau est trop faible pour nuire à la santé d'une personne. Selon M. Sauvé, elle équivaut en effet à un grain de sel dans une piscine olympique. «Boire deux litres d'eau par jour pendant 70 ans nous permettrait d'accumuler une dose équivalent à un comprimé», a-t-il expliqué.
On estime qu'environ un quart des Montréalais prend des antidépresseurs comme le Prozac. Or, le système de traitement des eaux comme ceux de la Ville ne permettent pas de les éliminer.
Les conclusions de la recherche devraient susciter de l'intérêt à l'échelle internationale, puisque la plupart des grandes villes disposent de systèmes de traitement des eaux semblables à celui de Montréal.
Les chercheurs de l'Université de Montréal entendent poursuivre leurs travaux, notamment pour évaluer les effets subtils des antidépresseurs sur les poissons.
Les résultats de leur recherche ont été publiés au début du mois dans le site Internet Chemosphere.
(source: La Presse Canadienne)